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Fruits : formidables ou forts minables alliés santé ? 

 

On estime que les arbres fruitiers sont cultivés depuis 6000 ans. Les fruits font donc partie de notre alimentation de façon régulière depuis tout ce temps. Au-delà de ce que dit la science et les articles sur ce sujet déjà publiés sur le blog (je mets les liens plus bas dans l’article), aujourd’hui les fruits alimentent les controverses : base de l’ alimentation pour les uns (frugivorisme) ou à consommer avec modération pour les autres. Tout le monde y va de son couplet pour ne voir trop souvent que ce qui l’arrange en fonction de son choix alimentaire. Le fruit dans tous ses états fait débat, parfois là-même où il ne devrait pas. Dans cet article je vais tenter de démystifier tout cela au regard de ce que la connaissance scientifique disponible sur la nutrition et les fruits nous dit en dehors des propagandes lobbyistes.

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1. Les fruits sont trop sucrés donc, c’est pas bon ! 

Le sucre est le carburant de nos cellules. Il est indispensable à notre organisme. C’est pour cela qu’il nous attire naturellement et que notre organisme a la capacité de transformer de nombreux nutriments y compris les lipides, en glucose. Le sucre est indispensable oui, mais… pas sous toutes ses formes ! Évitez les sucres industriels artificiels et isolés de leur contexte vivant. La diététique affirme à qui veut l’entendre que l’organisme ne fait aucune différence entre fructose ou glucose de fruit et fructose ou glucose industriel. Au niveau des apports caloriques, cet argument peut tenir. Mais au sujet des propriétés métaboliques, les 2 types d’apport en sucres naturels et industriels ne peuvent se comparer ! Le sucre des fruits (fructose) possède des enzymes, des vitamines et des minéraux (nutriments nécessaires pour la métabolisation du sucre), que le sucre industriel ne possède pas : il délivre des calories vides de nutriments, augmente brutalement le taux de glycémie, qui redescend tout aussi brutalement : on parle de craving comme pour une drogue ! Cette redescente est le moment de fringale, coup de pompe, malaise et de l’irrésistible envie de re-consommer du sucre pour ressentir à nouveau du mieux-être. Comme avec la dope. De plus, les vitamines présentes uniquement dans les fruits frais et qui jouent un rôle très important dans la métabolisation du sucre qu’ils contiennent, sont ici totalement absentes. Donc… « les fruits c’est pas bon à cause du sucre »… c’est faux !

2. De toute façon, le corps transforme tout en glucose, alors… 

Quels que soient les glucides ingérés :

• monosaccharides : glucose, fructose, mannose, galactose

• disaccharides : saccharose, maltose, lactose

• polysaccharides : amidon

Ils sont transformés en glucose.

C’est vrai ! Mais… la dégradation des disaccharides et polysaccharides nécessitent la présence de catalyseurs comme les vitamines B et C contenues dans les fruits frais.

3. De toute façon, même les lipides (graisses) sont transformés en glucose, alors…

Alors ? Vrai dans une certaine mesure ! Il le permet normalement pour compenser les carences des apports en glucides. Mais se nourrir d’aliments gras en évitant les aliments sucrés dont aussi les fruits, nuit. Pour cette raison (entre autre) le régime cétogène, n’est pas une alternative convenable à long terme. Sauf exception ou contrainte de santé, on métabolise mieux avec des fruits frais qu’avec des aliments gras. Les petits fruits rouges (cassis, myrtille, framboise, mûre, canneberge, fraise) contiennent moins de sucre et sont les champions des antioxydants.

4. Je termine toujours mon repas par un fruit, c’est un dessert sain ! 

Lors des repas traditionnels occidentaux modernes, nous faisons des mélanges qui sont des croche-pieds à la bonne digestion des aliments. Les fruits la compliquent ! Au contact d’autres aliments plus lents à digérer, les fruits stagnent dans l’estomac, fermentent, et ce bol alimentaire mal digéré arrive au duodénum puis l’intestin grêle, mais avec trop de retard. Les fruits ne sont normalement pas digérés dans l’estomac (où ils transitent très rapidement), mais dans le grêle où ils libèrent leurs éléments nutritifs (nutriments). La fermentation liée à un passage retardé vers le grêle donne moins de nutriments et des réactions intestinales allant du désagréable à l’intolérable (putréfaction). Donc, les fruits sains après le repas c’est… faux ! Avec un bémol pour la pomme et la banane qui sont des fruits plus tolérables après le repas car de très bonnes sources d’enzymes alimentaires (si on les mâche bien !).

5. Je suis frugivore, je ne consomme que des fruits, j’ai la pêche et basta !

L’homme n’est pas frugivore ! Les grands singes non plus d’ailleurs ! J’ai lu ça ! Grrrrrr !  Que viennent-ils faire là ceux-là ? Pffff… fichons-leur la paix ! Il est grand temps ! Les grands singes sont « opportunivores » : ils consomment beaucoup de végétaux riches en chlorophylle, des oeufs de nids d’oiseaux et des insectes (sources de protéines animales et vitamine B12). Les fruits, si vous ne mangez que ça, doivent être consommés dans le cadre d’une diète temporaire mais ne doivent pas devenir une alimentation en soi. Ils peuvent au passage compenser le manque de céréales (sources de glucides) dans l’alimentation. Faux dans une durée prolongée, vrai de façon ponctuelle avec une surveillance en fonction de la durée de la « monodiète » si c’est plus de 5 jours. Le fructose que contient le fruit n’est pas traité dans l’organisme par le pancréas mais par le foie. Trop de fruits consommés sans exercice physique se traduit par la transformation en graisses pour stockage dans le foie de l’excédent de leurs sucres. On fait un joli foie bien gras (stéatose hépatique non alcoolique-NASH in english) qu’une oie ou un canard sauvages envieraient d’avoir comme réserves pour leur migration ! Mais nous, on ne parcourt pas des milliers de km à tir d’ailes parfois jusqu’à l’épuisement, donc pas besoin de ça ! Hein ? On est bien d’accord ?!

6. J’adore les fruits… en jus ! Comme ça je fais 5 fruits en 1 fois comme recommandé pour la santé ! Et puis les  jus de fruits c’est régénérant ! 

AaAaH… Bah… Nouais… déjà, j’espère pour vous qu’ils sont frais faits maison (bus dans les 5 mn qui suivent le pressage ou l’extraction pour la conservation des vitamines qui disparaissent par oxydation)… de préférence au presse-agrumes ou à l’extracteur de jus plutôt qu’à la centrifugeuse (pour + de pulpe donc de nutriments)… et surtout pas industriels et pasteurisés ! De plus, sachez que vous libérez le jus des fibres que vous ne consommez pas. Or, le fructose libre et ivre de cette liberté nouvelle ne sait pas l’employer ! Il fait alors n’importe quoi dans votre organisme ! Il vous fait un pic glycémique et une redescente du taux de glycémie dignes d’une montagne russe ! Amateurs et amatrices de sensations, prenez vos tickets ! 😉 Il passe très vite dans le sang mais heureusement accompagné des minéraux, vitamines et  antioxydants qui facilitent sa métabolisation la rendant… encore plus rapide ! OoOoOh zut ! Non sérieusement, le jus de fruit pur avec modération ou en cure courte, momentanée, hein ? C’est une solution temporaire pour des personnes déminéralisées. Pour éviter ou calmer ce phénomène, associez-le à un jus de légume comme par exemple : pommes/carottes, pommes/épinards/choux, pommes/ brocolis/ betterave, etc… Ou mieux ! Croquez vos 5 fruits par jour si possible loin des repas sans chercher à extraire quoi que ce soit ! Donc… Faux, pour le « tout fruit en jus au quotidien » ! 

Pour en savoir plus…

Sur les sucres et les jus de fruits maison pour la santé, je vous invite à lire : 

Sucres libres, jus et santé

Et…

Jus maison et santé : 7 conseils naturopathiques

7. J’adore les fruits exotiques, ils sont plus riches en goût et nutriments, donc meilleurs pour la santé ! 

Faux ! Affaire uniquement… de goût ! Pas de santé ! Ils sont plutôt plus riches en sucre (fructose) qu’en goût d’ailleurs ! La banane ou la mangue, ça vous sature vite les papilles et c’est très sucré. A tel point qu’il faut réfléchir pour rendre leurs goûts subtils dans une préparation culinaire. Alors… favorisez plutôt les produits locaux de saison. Pour votre santé et celle de la planète (merci pour elle) ! Ils correspondent à vos besoins de saison. Sachez que les fruits exotiques sont cueillis avant maturité pour ne pas pourrir pendant le transport, ils sont donc privés de l’énergie et des nutriments nécessaires à la métabolisation de ceux qu’ils sont sensés nous transmettre lorsqu’on les consomme. Là encore, souvenez-vous des petits fruits rouges de nos régions comme le cassis, la myrtille, la framboise, la mûre, la canneberge, la fraise. Ils contiennent moins de fructose et sont hyper-antioxydants.Tournez-vous vers l’exotisme seulement en fin d’hiver, lorsque les fruits frais de nos régions se font plus rares où ont séjourné de longs mois en chambre froide. 

Fruits rouges, cerises, mûres, framboises

8. Je mange des fruits pas trop mûrs car ils sont moins sucrés !

Les fruits mal mûris sont déminéralisants pour l’organisme des personnes qui métabolisent mal les acides qu’ils contiennent. Les composés alcalins, vitamines et antioxydants ne se développent vraiment qu’avec la maturité du fruit. C’est aussi la raison pour laquelle il est bon de réfléchir à la valeur nutritionnelle d’une consommation de fruits cueillis immatures et acheminés sur de longues distances pendant de nombreux jours… en terme d’emprunte carbone  pour la planète et en terme de bienfaits réels pour notre santé. De façon générale, essayez d’avoir en tête le rapport bénéfices/risques pour vous et pour notre environnement (puisque c’est la même chose) lorsque vous choisissez un aliment. Les fruits non mûrs impactent négativement le système digestif et créent des flatulences, voire des coliques. Si vous ne supportez pas les fruits mûrs, il est probable que vos intestins aient besoin d’un « câlin probiotique naturel » avant d’en consommer. Manger des fruits pas mûrs n’est pas la solution, donc… Faux ! Désolé pour le désagrément éventuel ! 🙂

9.Les fruits modernes ont été trafiqués pour augmenter leur taux de sucre ! 

Aujourd’hui il n’existe qu’une variété de pommes autorisée aux USA qui a subi une mutation pour ne pas brunir après épluchage. La plupart des fruits disponibles sur le marché sont la résultante de multiples croisements par greffage, mais croire qu’on les trafique pour augmenter leur taux de sucre est faux. La nature opère parfois des mutations spontanées : le nectarine est née d’une mutation naturelle du pêcher. Les pommes Golden (aujourd’hui dépréciées à cause des méthodes de culture intensives) sont « fruits du hasard », issues d’un semi effectué en 1890 aux USA. D’anciennes gravures prouvent que la forme et la taille des fruits ont peu varié au cours de l’histoire, à de rares exceptions prêt.

10. Les variétés anciennes  de fruits sont bien meilleures ! 

Au XIXe siècle le commerce se mondialise, l’agriculture se professionnalise, les critères de sélections sont orientés vers la productivité et l’apparence des fruits. On abandonne les critères de rusticité, de résistance aux maladies, de diversités des espèces pour des goûts et des usages différents. Un nombre restreint d’espèces est alors utilisé comme géniteur de toutes les nouvelles variétés fruitières. Résultat : effondrement de la diversité génétique et fragilisation vis à vis des maladies ! OoOoOoh ! Comme l’Homme est vilain parfois ! Alors pour pallier cette défaillance nouvelle, on va inventer des drogues nouvelles ! OoOoOoh ! Comme l’Homme est vénal ! Parfois ? :-/. Aujourd’hui on obtient un système bien en place dans lequel la production fruitière n’est garantie que sous la contrainte de traitements phytosanitaires et fertilisants chimiques là où le biotope faisait le travail de façon naturelle sur les espèces anciennes résistantes, adaptées de longue date à un climat et un territoire, et suffisamment diversifiées pour ne pas tomber malade de la même chose au même moment. OoOoOoh ! Ce que l’Homme est couillon ! Les fruits modernes issus d’agriculture intensive contiennent non seulement des toxiques et résidus mais aussi, moins de nutriments. Donc… vrai !

NB : La loi qui interdit déjà le commerce et l’échange des légumes de variétés anciennes s’étendra-t-elle aux fruits anciens ? OoOoOoh ! Ce que l’Homme me ferait alors manquer de noms d’oiseaux pour le qualifier ! ! ! 🙁

11. Je mange alcalin et les fruits tuent tous mes acides ! 

Les bicarbonates présents dans notre sang capturent les acides. Cela donne de l’acide carbonique qui est éliminé par les poumons sous forme de gaz carbonique. Les bicarbonates sont principalement fabriqués à partir des fruits et des eaux minérales, plus particulièrement celles riches en bicarbonates. Les tampons amortissent mais n’éliminent pas les acides. De nombreux éléments sont en jeu et apporter à la fois des phosphates et des bicarbonates est important mais insuffisant. Manger des fruits protège donc notre organisme car plus il dispose de bicarbonate plus il bloque rapidement et facilement les acides. Nos tueurs d’acides ne sont pas les fruits mais… les légumes ! Les légumes sont les neutraliseurs ! Ils éliminent, mais n’amortissent pas les acides. Donc… faux ! On tamponne grâce aux fruits et on neutralise grâce aux légumes !

12. Oh ça va ! On va pas me la faire à l’envers ! Je sais choisir mes fruits !

Bah… c’est super ça ! Bravo ! 🙂 Juste au cas où, voici 2 ou 3 détails pour vous aider (on ne sait jamais) si on tentait de vous la faire à l’envers un jour… où si on vous la fait déjà à votre insu. 😉

1. Sachez que les fruits dits « climatériques » peuvent mûrir après récolte avant maturité comme les pommes, clémentines, avocats, abricots, bananes, kakis, kiwis, melons, figues (liste non exhaustive). Ils peuvent prolonger leur processus de maturation après la cueillette. Cependant, plus ils sont cueillis tôt, moins ils développent leurs qualités gustatives et nutritionnelles. Ajoutez à cela une chambre froide trop froide et vous bloquez ce processus de maturation post-cueillette. Cela donne un fruit qui une fois chez vous passe directement de pas mûr à pourri sans passer par la case mûr… qui n’a jamais connu ça pour une banane ou un avocat ?

2. Sachez aussi que les grosses fraises d’Espagne disponibles chez votre primeur dès le mois de mars sont souvent cultivées dans des conditions désastreuses pour l’homme, la planète et parfois irradiées ne vous apportent plus aucun nutriment. De plus, leur impact carbone est très grande pour un si petit fruit. Donc, des calories vides et dépourvues de goût ! Pouerk ! Tandis que la fraise cueillie mûre et issue de filières biologiques est gustativement riche et revitalisante. Acheter et consommer les fraises andalouses de culture intensive revient donc vraiment à faire un choix de santé et de société.

3. Sachez enfin, que les fruits autres qu’issus biologiques subissent des traitements après récolte en surface et à coeur pour bloquer les processus de maturation, prolonger leur durée de conservation et par la même les pertes liées à la durée de vie naturelle du fruit et au pourrissement qui s’en suit. Un peu comme nous dans certains cas avec certains traitements ! 😉 Bref ! Pour ces raisons ou en cas de doute sur leurs conditions de production et de conservation, le principe de précaution reste de mise : ne consommez pas le fruit ou alors pas avec la peau. Là encore c’est envoyer un message clair en temps que consommacteur à votre détaillant. À terme votre initiative individuelle combinée à celle de chacun(e) peut contribuer à éduquer, changer les mentalités, impacter les modes de productions… on a le droit de rêver !

On en cause ? 

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