régimes sans

Les régimes sans ceci… ou cela… qu’en est-il ?

Trop de gras, trop de sel, trop de sucre, et voilà maintenant il faudrait exclure de notre alimentation le gluten, le lactose, la viande, les produits laitiers… végétarien, végétalien, flexivégétariens, paléo…

Nouvelles lubies ? Dérives nutritionnelles ? Ou réels progrès pour une meilleure santé ? Des milliers de français et d’anglo-saxons sont tentés par ces nouvelles tendances alimentaires censées nous aider à vivre plus longtemps en meilleure santé.

Une quête légitime du bien-être et de la santé…

Dans cette quête, l’homme s’est aperçu de l’importance de l’alimentation.

Aujourd’hui les scientifiques ont compris la nécessité de l’équilibre alimentaire et l’aspect fondamental du bio, plus que riche en vitamines, oligo-éléments minéraux etc.

Petit état des lieux « illustré »…

  • Axelle, 17 ans, revendique son alimentation végan.
  • Laurence jeune retraitée en pleine forme, a définitivement exclu le lactose depuis plus de 10 ans.
  • Nicolas, trentenaire affirme se sentir beaucoup mieux depuis qu’il fait partie de la communauté des «sans gluten».

D’après un sondage Opinion Way pour Terra Eco réalisé en mars 2016 :

Aujourd’hui 3% des Français sont végétariens et 10% envisagent de le devenir…

Selon le panel infoscan alimentaire du cabinet spécialisé IRI :

Les produits sans gluten ont connu en 2014 une croissance de 27,5% en valeur et de 34,4% en volume alors que le nombre de personnes souffrant de maladie coeliaque restait stable : 1%.

Le banc des accusés…

Le gluten provoquerait ballonnements et problèmes digestifs, le lactose serait responsable entre autre de nausées et de diarrhées, les produits laitiers favoriserait certains cancers…

Plus que jamais «fleurissent » des méthodes comme le crudivorisme, le végétalisme, le dissocié. D’autres méthodes (Seignalet, Kousmine, Groupes sanguins), malgré des résultats incontestables, sont rarement individualisées et surveillées dans le temps.

Selon le naturothérapeute Robert Masson dans son livre Dérives nutritionnelles et comportement suicidaire : – « Bien sûr, après un temps court par l’allégement digestif et métabolique, une amélioration de la santé s’installe mais il faut très vite revenir à une alimentation mesurée et équilibrée, au risque de voir sa santé s’altérer par des carences multiples ».

Les ½ vérités en matière de nutrition sont plus dangereuses que les mensonges, car elles perdurent longtemps et conduisent les individus trop crédules à l’amaigrissement, la chute immunitaire, l’amnésie, la déminéralisation, la disparition de la libido, le vieillissement accéléré et leur cortège de maux, parfois jusqu’au trépas.

Pour toutes ces raisons, il convient de rester vigilant et attentif aux « gourous de l’alimentation » qui inventent des dogmes alimentaires, véritables chants des sirènes vers des abîmes dont on ressort rarement indemne.

Les vraies intolérances et… les autres…

Le docteur Marie-Christine Boutron-Ruault, vice-présidente du comité d’experts spécialisés nutrition humaine à l’Anses et directrice de recherches Inserm à l’institut Gustave Roussy souligne dans un interview pour essentiel santé magazine :

– « il n’y a pas plus de mauvais aliments à éviter absolument que de supers aliments aux vertus magiques. Dans l’alimentation tout est question de nuances.»

Qu’il s’agisse de la viande, des produits laitiers, sucrés ou du blé, tous contribuent à l’équilibre alimentaire.

Tout dépend ensuite de :

  • Qui en mange
  • En quelle quantité
  • À quelle fréquence

Ainsi, adopter un régime sans gluten se justifie pleinement pour une malade coeliaque.

La suppression des produits laitiers se justifie elle aussi en cas de diagnostic d’allergie d’intolérance aux protéines du lait.

En dehors de ces vraies intolérances et allergies, leur éviction n’apporte aucun bienfait scientifiquement prouvé et est fortement déconseillée chez le plus vulnérables (personnes âgées, enfants, femmes enceintes et allaitantes).

La nécessité d’un accompagnement pour éviter l’impro…

Cécile Marie–Magdeleine, diététicienne qui a validé scientifiquement les contenus du livre « La santé dans votre assiette » recommande un accompagnement.

«Suivre un régime quel qu’il soit n’est pas anodin puisque nous retirons à l’organisme certains nutriments importants (oligo-éléments, minéraux, vitamines, protéines, etc…). Il ne s’agit pas de remettre en question les convictions ou les croyances des personnes qui veulent adopter un régime mais de les mettre en garde et de leur apprendre à compenser ce qu’elles retirent de leur alimentation par des équivalents nutritionnels ».

Lorsque l’on improvise, on risque de fragiliser sa santé pas ignorance de certaines règles.

Quelques exemples de compensations nécessaires…

Tout adepte d’un régime excluant toute protéine animale (végan, végétalien, etc.) doit impérativement complémenter en vitamines B 12, indispensables à la fabrication des globules rouges et à notre bonne santé neurologique.

Manger sans gluten revient à supprimer : pâtes, biscottes, semoule, tartes, gâteaux, biscuits qu’il convient de remplacer par d’autres sucres lents (manioc, tapioca, quinoa, pois chiches, polenta, etc.) ou encore, par des équivalents sans gluten souvent onéreux.

Supprimer le lait nécessite d’aller chercher d’autres sources de calcium bio disponibles dans d’autres aliments, surtout pour les jeunes en croissance, les femmes enceintes ou ménopausées.

Il ne faut donc en aucun cas croire que « manger sans » soit plus sain et garantisse de ne jamais avoir de maladies, quelle que soit la nature des évictions de son régime alimentaire.

Manger différemment peut contribuer aussi à isoler socialement…

Car face aux difficultés rencontrées par l’entourage pour gérer lors d’un repas les évictions d’un « régime sans » des uns ou des autres, certains voient les invitations à dîner fondre comme neige au soleil !

L’orthoréxie… vous connaissez ?

Quand avoir une alimentation saine devient une obsession, on parle d’orthorexie, un véritable trouble du comportement alimentaire qu’il faut soigner. Pesticides, nitrates, vache folle, viandes avariées recyclées ou autres scandales alimentaires contribuent chez certains à une véritable terreur vis-à-vis de l’alimentation. Afin de ne pas s’empoisonner en mangeant, l’orthoréxique analyse, compare et élimine progressivement tout ce qui lui paraît néfaste pour sa santé. Dans sa vie, les repas occupent toutes ses pensées, mais manger ne lui procure progressivement plus aucun plaisir.

Pour en savoir +…

Camille Adamiec. « Devenir sain. Des morales alimentaires aux écologies de soi« , Coll. Table des Hommes, Presses Universitaires de Tours-Presses Universitaires de Rennes.

L’avis d’un expert…

3 questions posées par Isabelle Blin pour essentiel santé magazine, au sociologue de l’alimentation, Jean-Louis Lambert.

D’où viennent ces tendances du « sans » ?

En Occident grâce au développement économique nous ne sommes plus dans le souci de survie. Donc on s’inquiète des effets sanitaires de l’alimentation. Mais, faute de pouvoir comprendre les données scientifiques, la plupart d’entre nous sommes dans une approche à court terme, c’est-à-dire préoccupés de ce qui nous rend malade après ingestion. Avec l’évolution de l’espérance de vie, on admet aussi plus difficilement la mort. Donc nous avons tendance à revendiquer le risque zéro, y compris par rapport à l’alimentation.

Que traduisent-elles ?

Il existe 3 tendances distinctes :

  • Le « sans matières grasses » et « sans sucre ajouté » renvoie un mélange de préoccupations diététiques (risque de diabète par le surpoids ou l’obésité) et surtout esthétique (pour «garder la ligne»).
  • Les régimes « sans gluten», «sans lactose», « sans OGM » ont en commun une tentative d’éviction des dangers sanitaires de l’alimentation : face a l’évocation d’un risque, on préfère ne pas en prendre du tout sans tenir compte du degré de dangerosité.
  • La tendance Vegan, plus récente et limitée aux populations les plus aisées dans les pays occidentaux, correspond à une nouvelle représentation du monde animal basée sur le lien que nous avons avec nos animaux de compagnie. Dès lors que l’on considère l’animal comme égal de la race humaine, nous avons envers tous les animaux les mêmes devoirs qu’envers les humains. A cela s’ajoutent des préoccupations environnementales grandissantes et des relents religieux sous-jacents avec la notion de pureté et d’impureté (le monde végétal est pur, l’animal impur).

Voit-on déjà les conséquences ?

L’alimentation a toujours été anxiogène et cela va continuer. Avec l’évolution des systèmes de production et de distribution mondialisée intégrant de plus en plus d’innovations, les mangeurs ne savent plus comment les aliments ont été faits, par qui, d’où ils viennent et cela accroît leurs inquiétudes. Or on sait que les individus qui n’ont ni pouvoir, ni contrôle sur les objets et sur leurs comportements, n’en acceptent pas les risques. Cela aboutit alors à un refus de produits qui sont supposés dangereux. Cette tendance va s’amplifier.

En conclusion…

  • Il ne semble pas plus sain de « manger sans » et cela nécessite de complémenter son alimentation pour éviter des carences qui peuvent être parfois graves (engagement du pronostique vital).
  • En cas d’allergie ou d’intolérance il est bon voire nécessaire de supprimer le produit responsable de son alimentation mais accompagné d’un suivi individualisé par un professionnel de santé.
  • Les préoccupations anxiogènes de santé et environnementales liées à nos choix de consommation alimentaire s’accroissant, les inquiétudes et les questionnements sur la qualité de l’alimentation sont une tendance de plus en plus croissante dans nos sociétés occidentales.

La position de Bouchées Doubles…

Il me semble que toute improvisation d’éviction soit dangereuse en dehors d’un suivi médical individuel. Ceci me conforte dans mon approche alimentaire alcaline éclairée par mes recherches approfondies d’informations. Plus j’avance dans l’acquisition de connaissances, plus ma démarche nutritionnelle est modérée et pondérée. L’alimentation alcalinisante n’est pas restrictive car aucun type d’aliment n’est interdit. Les risques de carences (bien au contraire) sont donc faibles (le risque zéro n’existe pas) pour toute personne en pleine santé et participent à son bien-être. Cette alimentation met l’accent sur l’équilibre des proportions entre « aliments alcalinisants (environ 70%) et acidifiants (environ 30%) » et les effets pour mon bien-être, ma vitalité et ma santé sont avérés. De plus, elle fait la part belle aux légumes, fruits, herbes, épices et oléagineux. Or, le fait de consommer moins (sans éviction) de produits céréaliers, de sucrés ou carnés est une démarche saine pour soi et pour notre environnement. Je pense donc continuer à « cuisiner alcalin » et à communiquer tout ce que je sais ou apprends, pour le plaisir des papilles, de la vitalité que cela peut procurer et pour l’avenir de notre planète. Ces propos n’engagent que moi et bienvenue aux intéressés. 😉

Si cet article vous a plu ou déplu, n’hésitez pas à laisser un commentaire en bas de cette page. Merci d’avance !  🙂

Sources de l’article : 

 

5 thoughts on “Régimes «sans» : modes ? Lubies ? Ou… nécessité ?”

    1. Merci pour votre commentaire.
      Partager tout le bien-être et la vitalité que l’approche alimentaire alcaline (qui n’est ni une diète ni un régime ) me procure de façon durable me tient effectivement à coeur.
      Mais je ne suis pas un « extrémiste culinaire » qui surf sur les peurs et les craintes. J’aime à penser et à dire qu’il est possible de manger sainement, sans s’ennuyer gustativement, sans se priver de quoi que ce soit et en s’amusant en cuisine ! Tout comme vous et en tenant compte de notre réalité physiologique, environnementale et en optimisant sa vitalité. Peu de personnes semblent le savoir mais c’est pourtant simple : il suffit de réajuster certaines proportions dans nos assiettes et cela n’empêche pas de s’amuser ! 🙂

      1. Je respecte vos convictions et votre façon de vous nourrir, qui au moins n’est pas trop restrictive ni dangereuse!
        Pour ma part je me contente d’ignorer la plupart des produits industriels, d’acheter bio si possible et de ne manger que viande, volailles et poissons de producteurs de qualité traçable.
        Bonne continuation !

  1. un mot sur les effets  » secondaires » du vaganisme poussé à l’éxtrème :la disparition de nos animaux domestiques : abeilles, chevaux de trait et de monte, chiens de traineaux et d’avalanche … adieu veaux, vaches, cochons, couvées, lapins et agneaux dans nos près et cours de ferme.
    Sans abeille de ruche plus de polènisation donc plus de fruits ni de légumes.
    Quant à la notion de pureté, le monde végétal est pur, l’animal impur : laissez moi rire …

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