Vieillissement, télomères et télomérases… vous connaissez ?

Tout commence en 2009 avec la découverte du télomérase qui vaut le Prix Nobel de médecine à l’australienne Elizabeth Blackburn professeur de biologie à l’université de San Francisco et spécialiste mondiale de l’étude des télomères. Son étude livre une clé remarquable du vieillissement humain. En s’appuyant sur la longueur des télomères, elle a montré que les stress psychologiques et/ou physiologiques font prématurément vieillir nos cellules…

Alors… quid de cette découverte et pourquoi en parler sur Bouchées Doubles ? 

Pour mieux comprendre à quel point : 

• nos bouchées peuvent compter double et nos choix alimentaires peuvent prévenir ou au contraire, être délétères, pour notre santé ! 😉

l’alimentation alcaline peut être antioxydante et participer à la régénération cellulaire ou freiner leur dégénérescence.

Décryptage : de la science à nos assiettes…

La télomérase…

C’est une enzyme qui, lors de la réplication de l’ADN chez les eucaryotes, permet de conserver la longueur du chromosome en ajoutant une structure spécifique à chaque extrémité : le télomère (du grec τέλος, extrémité ou fin)

Si pour l’instant ceci est pour vous du javanais ou du chinois… lisez la suite ! Elle peut vous interesser.

Qu’est-ce qu’un télomère ?

C’est une sorte de capuchon protecteur composé de « nucléotides » nommés télomères. Ils ornent tous nos chromosomes.

À quoi servent nos télomères ?

• Ils protègent notre information génétique, au coeur de nos chromosomes.

• Ils aident notre ADN à se répliquer plus facilement et permettent la division cellulaire donc, la naissance d’une nouvelle cellule.

Plus ils sont longs, mieux vos cellules sont protégées contre le risque de cancer et plus elles peuvent se reproduire facilement et ainsi régénérer vos organes. C’est ainsi que des scientifiques ont émis la théorie selon laquelle, plus vous avez des télomères longs, plus vous restez jeune longtemps puisque vos organes se renouvellent bien. 

Nos télomères raccourcissent plus ou moins rapidement avec l’âge…

À chaque division cellulaire, nos télomères perdent quelques dizaines ou quelques centaines d’acides aminés. Les télomères humains sont programmés pour se raccourcir d’environ 100 paires de bases par division cellulaire. Au fil du temps, nos télomères deviennent de plus en plus courts. Nos cellules mettent de plus en plus de temps à se diviser, jusqu’à ne plus y parvenir du tout. Elles entrent alors « en sénescence », un terme médical pour dire qu’elles sont vieilles. C’est alors que nous nous apercevons que nos organes vieillissent rapidement.

Lorsque nos télomères raccourcissent…

Vous avez sans doute noté que les télomères ont un rôle protecteur pour nos gènes ? Et bien… lorsqu’ils raccourcissent, notre matériel génétique est de moins en moins bien protégé et les risques de mutations anarchiques dans nos chromosomes, et les risques potentiels de cancer s’accroissent.

Il est scientifiquement observé et admis que des télomères courts sont des facteurs de risque :

  • d’athérosclérose
  • d’hypertension
  • de maladie cardiovasculaire
  • d’Alzheimer
  • d’infections
  • de diabète
  • de fibrose
  • de syndrome métabolique
  • d’influence accrue sur le taux de mortalité global

La longueur des télomères a été analysée chez 150 personnes âgées de 60 ans et plus…

Celles qui possédaient les télomères les plus courts avaient une probabilité 8 fois supérieure de mourir de maladie infectieuse et 3 fois supérieure d’avoir une crise cardiaque.

Pourquoi ?

Parce que les cellules immunitaires ne se répliqueraient plus suffisamment vite pour lutter efficacement contre les infections. 

Le Dr Andrea Bodnar de la société californienne Geron Corporation et ses collaborateurs ont démontré la théorie du vieillissement cellulaire par l’usure des télomères en janvier 1998.

L’ expérience :

Ils ont introduit une substance qui rallongeait les télomères dans des cellules :

  • vasculaires
  • de rétine
  • de prépuce

Alors que ces cellules meurent habituellement au bout d’un nombre bien défini de divisions, ces cellules traitées ont été cultivées pendant un an en gardant toutes les propriétés qu’elles avaient au premier jour. Leur vieillissement cellulaire avait été stoppé.

Le Dr De Pinho et son équipe ont traité des souris pour qu’elles vieillissent prématurément. Au bout d’un mois, leur fertilité avait diminué et elles souffraient de maladies liées au vieillissement telles que le diabète, l’ostéoporose ou la neurodégénération.   

Ils ont alors donné aux souris tests, une substance qui fait rajeunir.

Les testicules sont redevenus normaux et se sont remis à fonctionner comme avant. La rate, le foie ou les reins ont été restaurés, le cerveau a retrouvé sa taille normale, alors qu’il avait fortement diminué. Les cellules neurales (qui produisent de nouveaux neurones et entretiennent les cellules cérébrales) se sont remises à fonctionner.

• Toutes ces études ont donc associé des télomères longs à une longévité accrue, des télomères courts à une survie écourtée.

• D’autres études ont montré que si le raccourcissement des télomères est un processus inévitable lié à l’âge, ce processus peut aussi être accéléré par des facteurs de mode de vie comme la sédentarité, l’obésité, l’alcolisme, le tabagisme.

Télomérase et prévention des maladies chroniques…

À l’Université Emory les constats d’une étude sur la souris prouve que l’Acide Alpha-Lipoïque ou linolénique (AAL) peut stimuler la télomérase.

La télomérase…vous vous souvenez ?

C’est l’enzyme qui rallonge les télomères, avec des effets positifs (entre autre) sur l’athérosclérose. Ces conclusions scientifiques sont présentées dans la revue Cell Reports et ouvrent avec l’AAL, et ouvrent une nouvelle voie de traitement des maladies chroniques et de lutte contre le vieillissement.

L’Acide Alpha-Lipoïque ou linolénique (AAL) est naturellement présent dans certains aliments. Cet antioxydant fait déjà l’objet de nombreux suppléments en raison de son rôle stimulant dans les mitochondries (mini-générateurs d’énergie de la cellule).

Or, les effets antioxydants de l’AAL, ses caractères à la fois hydrosoluble (soluble dans l’eau) et liposoluble (soluble dans les matières grasses) combinés à sa capacité à franchir la « barrière hémato-encéphalique » en font aussi un antioxydant possible pour le cerveau.

Les oméga 3 allongent les télomères…

Les oméga 3 et certains légumes sont une bonne source d’Acide Alpha-Linolénique ou lipoïque

Ramin Farzaneh-Far, chercheur, a constaté lors d’une étude une association claire entre les niveaux élevés d’oméga 3 dans le sang et la longueur des télomères.

Les personnes qui avaient les taux d’oméga 3 les plus élevés avaient les télomères les plus longs. Les taux d’oméga 3 les plus bas se retrouvaient chez les personnes qui avaient les télomères les plus courts.

« Les oméga 3 contrecarrent le stress oxydatif, une réaction chimique cellulaire qui peut raccourcir les télomères. Il se peut aussi qu’ils augmentent la production de télomérase, une enzyme qui allonge et répare les télomères », déclare Ramin Farzaneh-Far

Les oméga 3…

Ce sont des graisses essentielles qui possèdent une structure chimique particulière qui leur confére des propriétés bénéfiques pour la santé. Notre organisme ne sait pas les fabriquer lui-même donc les oméga 3 doivent être apportés par l’alimentation.

La famille des oméga 3 compte principalement 3 membres :

– L’acide alpha-linolénique ou lipoïque (AAL)

– Les acides gras EPA et DHA

Important : notre foie sait transformer l’acide alpha-linolénique en EPA et DHA, mais il le fait en quantité insuffisante. Pour être en bonne santé, il faut donc rechercher chaque jour ces 3 acides gras dans l’alimentation.

Les bonnes sources d’acide alpha-linolénique ou lipoïque (AAL)

  • huiles de lin
  • huiles de colza
  • huiles de noix
  • noix
  • graines de lin

Les bonnes sources d’ acides gras EPA et DHA

  • les poissons gras (attention à la provenance et méthode d’élevage) : saumon, thon, maquereau, sardine
  • les jaunes d’œufs de poules nourries aux graines de lin.

On sait donc que le stress oxydant peut accélérer le raccourcissement des télomères et que les antioxydants peuvent les protéger…

A ce titre… une étude américaine a examiné le lien pouvant exister entre la concentration sanguine en caroténoïdes et la longueur des télomères des leucocytes sur un échantillon représentatif d’adultes américains.

Les caroténoïdes allongent les télomères…

Les chercheurs ont analysés les données provenant de 3660 personnes âgées de 20 ans et plus, issues d’une étude nationale d’évaluation de la nutrition et de la santé entre 1999 et 2002.

  • Les niveaux sanguins des caroténoïdes, bêta-carotène, alpha-carotène, bêta-cryptoxanthine, lutéine et zéaxanthine ont été dosés
  • la longueur des télomères des leucocytes mesurée.

Les résultats sont probants :

Ils ont démontré qu’augmenter les niveaux sanguins de caroténoïdes était associé de façon significative à des télomères plus longs chez des adultes américains, suggérant qu’une consommation importante d’aliments riches en caroténoïdes joue un rôle protecteur sur les télomères.

Carottes, épinards, tomates…

Les caroténoïdes sont des pigments naturels à l’origine de la coloration jaune et rouge de nombreux fruits et légumes, de champignons et d’algues. Dans les légumes vert sombre (brocolis ou épinards) et, d’une façon générale, dans les feuilles vertes des plantes, la couleur des caroténoïdes est souvent masquée par les chlorophylles.

Les animaux, pas plus que l’homme, ne sont capables de synthétiser des caroténoïdes.

Dans l’alimentation humaine, une cinquantaine de caroténoïdes est consommée de façon relativement fréquente, une dizaine d’entre eux de façon importante et les trois principaux (le bêta-carotène, la lutéine et le lycopène) constituent 80 % des apports en pigment.

Nos sources principales de caroténoïdes sont :

  • Les carottes pour le bêta-carotène
  • Les tomates pour le lycopène
  • Les épinards pour la lutéine et la zéaxanthine

Synthèse :

  • On sait que :
  • Les stress oxydatifs physiologiques et/ou psychologiques nuisent aux télomères et les raccourcissent.
  • Le stress oxydant peut accélérer le raccourcissement des télomères et que les antioxydants peuvent les protéger…
  • L’Acide Alpha-Lipoïque ou linolénique (AAL) contenu dans les omégas 3 joue un rôle antioxydatif protecteur pour les télomères et augmente la télomérase qui répare et allonge ces derniers.
  • Les caroténoïdes protègent les télomères et limitent leur raccourcissement.
  • Le vieillissement cellulaire et celui de nos organes s’accélère lorsque les télomères raccourcissent et que la télomérase s’amoindrit.
  • Manger des aliments naturellement riches en omégas 3 et caroténoïdes ralentit la réduction des télomères, aide la télomérase et freine le vieillissement de nos cellules, de nos organes.
  • Manger des aliments naturellement riches en omégas 3 et caroténoïdes ralentit la réduction des télomères, aide la télomérase, nous protège de maladies chroniques et dégénératives graves.

Ma conclusion :

Manger alcalin, c’est manger beaucoup d’aliments riches en antioxydants et avoir au quotidien une alimentation riche en omégas 3 et caroténoïdes.

Il n’est donc pas étonnant de que ce mode d’alimentation et d’hygiène de vie s’inscrive au long terme, dans les choix alimentaires pertinents pour une bonne prévention santé et une bonne longévité puisque sont présents en nombre suffisants les antioxydants et micronutriments indispensables à nos besoins métaboliques, acido-basiques et, nous venons de le voir, génétiques. 😉

Toutefois… ATTENTION au raccourci intellectuel !

A partir du moment où l’on peut faire rajeunir les cellules du corps, cela signifie que nos organes (coeur, cerveau, poumons, mais aussi peau, yeux, tympans, etc.) peuvent théoriquement se remettre à fonctionner comme il y a des décennies.

MAIS…

Le vieillissement de l’être humain ne se limite pas au vieillissement de ses cellules. 

Exemple : les cellules d’une tumeur cancéreuse se reproduisent à toute vitesse et sont toutes « jeunes » mais elles provoquent le décès si on les laisse proliférer.

On en cause ?

Et vous ? Saviez-vous qu’une alimentation alcaline était suffisamment riche en aliments antioxydants ?

Sources : 

Ramin Farzaneh-Far, Jue Lin, Elissa S. Epel, William S. Harris, Elizabeth H. Blackburn, Mary A. Whooley. Association of Marine Omega-3 Fatty Acid Levels With Telomeric Aging in Patients With Coronary Heart Disease. JAMA

Cell Reports 20 Aug., 2015

PGC-1α Modulates Telomere Function and DNA Damage in Protecting against Aging-Related Chronic Diseases

Asgary s et al., evalution of the effects of roselle (hibiscus sabdariffa l.) On oxidative stress an serum levels of lipids, insulin and hs-crp in adult patients with metabolic syndrome : a double-blind placebo-controlled clinical trial. J complement integr med. 2016 jun 1 ; 13 (2) : 175-80.

Comment utiliser les oméga-3 selon vos besoins

les oméga-3.

l’interview d’Elizabeth Blackburn, professeur de biologie à l’université de San Francisco et prix Nobel de médecine 2009 pour ses travaux sur les télomères.

Vie : le stress accélère le vieillissement cellulaire

changer de mode de vie pour inverser le vieillissement cellulaire

Les clés de la longévité

2 thoughts on “Clés de longévité : alimentation alcaline et antioxydants”

  1. Bonsoir Hervé, ARTICLE TRES INTERESSANT!!!
    Et pour optimiser notre assimilation des oméga3, il faut être attentif à consommer très peu d’oméga 6, je ne sais plus le processus exact, mais je ne manquerais pas de vous communiquer l’ article si je remets la main dessus.
    Merci à vous!

    1. Bonjour Leïla,
      Merci pour ce partage qui fait plaisir ! 🙂 Il est vrai qu’avoir trop d’oméga 6 dans l’assiette est devenu courant de nos jours. Le ratio idéal préconisé par l’afssa entre oméga 6 et oméga 3 est entre 1 pour 1 et 1 pour 4. Il y a seulement 50 ans, notre alimentation était plutôt bien équilibrée et les apports en oméga 3 et oméga 6 étaient proportionnés. Les produits animaux que l’on consommait étaient bien plus riches en Oméga 3 qu’aujourd’hui. L’herbe dont se nourrissaient les animaux était plus riche en Oméga 3, et les animaux nous la transmettaient ainsi à travers les aliments que nous consommons et et leur bio-disponibilité était bonne.Aujourd’hui il n’est pas rare d’avoir un ratio de 40 (oméga 6) pour 1 (oméga3). Or, ces deux acides gras sont tout aussi importants mais leur déséquilibre est délétère. Des huiles ou des graines végétales comme celle de lin (85 % d’oméga 3) ou de chanvre peuvent aider à rétablir un meilleur ratio. Les poissons gras, bon marchés et sans problématiques de pêche ou d »élevage (pour l’instant) comme les sardines, les harengs, les maquereaux peuvent aussi être un bon apport.
      Belle journée à vous Leïla. 🙂

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