Le vrai impact du citron sur l’équilibre acido-basique ! 🙂
J’en avais marre des semi-vérités et des croyances lues sur ce sujet donc j’ai enquêté et je me suis scientifiquement documenté (cf. sources en bas de l’article) pour trancher sur le citron sans plus jamais me le presser ! 😀 Car, j’ai souvent été interpellé par des lectrices ou des lecteurs qui me disaient tout et son contraire sur les pouvoirs alcalinisants ou acidifiants de cet agrume, sur notre équilibre acido-basique. Aujourd’hui voici ma tarte et elle est au citron ! 😉
Ne faite pas du citron votre religion ! 😉 Si vous aimez le jus de citron, vous pouvez en boire sans crainte de vous acidifier. 😀 Mais, si vous voulez vous alcaliniser, il faudra aller vers d’autres jus de fruits ! 😀
Si vous souhaitez savoir pourquoi, lisez bien ce qui suit :
Le pH (potentiel hydrogène) du citron fruit est entre 2 et 2,7. C’est donc un fruit acide.
L’indice PRAL(Potential Renal Acid Load) du citron est entre -2,31 mEq (milliéquivalent) pour 100 gr et -2,41 mEq pour 100 gr. C’est donc théoriquement un fruit basifiant pour l’organisme.
On constate ici qu’un fruit au pH acide peut être théoriquement basifiant après métabolisation et le citron en est une parfaite illustration.
Seulement voilà : entre théorie et pratique, il n’y a pas toujours qu’un pas ! Mais parfois un gouffre !
Voyons cela en détail…
Juste un petit rappel de bases, si je puis dire ! 😉
Le pH normal chez l’homme est de 7,38 à 7,42. Il correspond à une concentration en proton de 37-43 nmol/l. On parle d’acide quand le pH est inférieur à 7, et basique (alcalin) quand supérieur à 7. En médecine humaine, on parle d’acidose quand le pH est inférieur à 7,38 et d’alcalose quand il est supérieur à 7,42.
Un pH inférieur à 7(acide), ou supérieur à 7,8 (basique), est incompatible avec la vie.
Revenons au citron :
L’acide du citron est l’acide citrique. Rappelez-vous vos cours de biochimie en particulier le cycle de l’acide citrique, plus connu sous le nom de cycle de Krebs.
Fâché(e) avec la chimie ou l’anglais ? 😮 Pas de panique ! Je vous explique ! 😉
Le citrate est métabolisé (transformé par l’organisme) en acide citrique. Cela qui correspond au retrait du sang de 3 protons et comme vous le savez peut-être déjà si vous suivez le blog : retirer des protons reviens à ajouter des alcalins dans le sang.
Quand on mange du citrate, il est métabolisé dans le cycle de Krebs et on produit des alcalins. Comme cet article l’a montré, les agrumes sont particulièrement riches en citrate. La concentration en citrate dans le jus de pamplemousse est de 64,7 mmol/L, dans le citron de 47,7 mmol/L, dans le jus d’orange de 47,4 mmol/L. Le jus de citron est acide comme tous les fruits et légumes. Le citron à la palme avec son pH entre 2 et 2,6. Le fruit le moins acide est le melon. Attention ! On parle ici de pH et non d’indice PRAL ! Soyez attentifs et attentives, svp ! 😀
Il convient de bien distinguer la différence entre le pH d’un aliment et sa capacité d’alcalinisation ou d’acidification pour l’organisme. En pratique les légumes et les fruits sont « alcalinisants », donc regarder le pH de l’aliment ne traduit pas son impact.
Hors pathologie, votre pH sanguin restera stable, tant que vous ne dépassez pas les capacités des reins ou des poumons.
Ions, cations, anions, révision :
Un ion est un élément chimique portant une charge électrique.
On distingue :
- Les ions négatifs : les anions, sont des atomes (ou des molécules) qui ont gagné(e) un ou plusieurs électrons. La charge électrique globale d’un anion est négative.
- Les ions positifs : les cations, sont des atomes (ou des molécules) qui ont perdu(e) un ou plusieurs électrons. La charge électrique globale d’un cation est positive.
-
Un acide, c’est quelque chose qui peut donner un ion H+ à une solution.
-
Une base, c’est quelque chose qui peut prendre un ion H+ à une solution.
Le rôle des ions dans l’organisme :
L’ion H+ joue donc sur l’acidité ou l’alcalinité (c’est le H dans pH = potentiel Hydrogène).
Les ions sont donc impliqués dans de multiples réactions chimiques, particulièrement au sein des organismes vivants. Les minéraux dissouts dans l’eau ou présents dans les aliments, le sont sous forme ionique. Les minéraux sont des ions chargés positivement comme le calcium Ca2+ le potassium K+ le sodium Na+ ou négativement comme le Cl-.
Un acide organique sera donneur ou capteur de proton en fonction du pH ambiant :
- soit, il donne un ion H+ et acidifie la solution,
- soit, il reprend un ion H+ et alcalinise la solution.
L’équilibre acide/base est délicat et se fait dans le respect de règles précises :
Car, chaque molécule possède une zone d’équilibre, une valeur de pH où elle passe de l’acide vers la base et inversement. C’est valable pour tout : phosphate, nitrate, sulfate, bicarbonate, citrate.
Pour faire simple…
La zone de transition du citrate se situe entre 3 et 6,4 de pH. Or, pour jouer un rôle, il faut pouvoir passer de l’acide à la base dans une fourchette de pH des 7 à 7,8 comme mentionnée en début d’article dans « la révision des bases »(le bicarbonate, par exemple, change entre 6,3 et 10,3, le phosphate entre 2,1 et 12). En dehors de ces fourchettes de valeurs de pH, ils ne peuvent rien échanger donc, ne peuvent pas jouer un rôle ! On peut donc supposer que le citrate n’échange pas puisque sa condition n’est pas atteinte.
Ensuite, il faut prendre en compte le fait que les éléments ingérés ne traversent pas seuls la membrane du tube digestif. Il leur faut des « transporteurs », c’est pourquoi tout ce qu’on mange ne passe pas la barrière digestive (d’où parfois la nécessité de perfuser plutôt que de faire avaler).
Or, quel est le « transporteur » pour le citrate ? 😮 Je ne sais pas malgré mes recherches sur le sujet. 🙁 En revanche, je sais que le citrate est produit dans l’organisme à l’intérieur des cellules dans le cycle de Krebs, lors de la dégradation du glucose. Et qu’il est présent dans le sang à des doses extrêmement faibles. Pour cette raison considérons qu’il ne passe pas la barrière digestive.
Conclusion :
Dans le corps humain, le citrate est essentiellement présent sous forme de base et en faible concentration. Il ne récupère quasiment jamais d’ion H+. Donc, en dehors d’une situation pathologique, il n’aura donc pas d’action sur le pH.
Même absorbé en grande quantité, le citrate n’aura très probablement que peu d’impact. Hormis se combiner avec un ion positif quelconque, comme Na+ (sodium) ou le Ca2+ (calcium) pour donner classiquement du citrate de sodium ou de calcium.
En pratique, le jus de citron ni n’alcalinise, ni n’acidifie l’organisme. Son effet est neutre sur la balance acido-basique. Il est probable que l’apport d’alcalin lié à l’apport du citrate soit contrebalancé par l’apport de protons de l’acide citrique. De ce fait, consommez-le pour ses autres qualités nutritionnelles, mais pas pour son rôle sur l’équilibre acido-basique.
En nutrition-santé la modération est une règle : aucun aliment prit en excès n’est bon pour la santé. Si l’acidose est délétère, l’alcalose ce n’est pas mieux. Hors pathologie et avec une alimentation alcalinisante variée, l‘équilibre acido-basique est régulé de façon remarquable par les reins, les poumons, le foie et la peau. Il n’a pas besoin d’une cure de tel ou tel aliment comme le citron. Il suffit juste d’observer une alimentation équilibrée. Tout est dans la variété alimentaire ! Imaginer qu’une cure de machin truc corrigera les excès de quelques sortes que ce soit, est illusoire.
Sources :
Noncitrus Alkaline Fruit: A Dietary Alternative for the Treatment of Hypocitraturic Stone Formers
Effect of citrus-based products on urine profile: A systematic review and meta-analysis
Comparative Value of Orange Juice versus Lemonade in Reducing Stone-Forming Risk
Bonjour merci pour toutes ses explications pointues sur le citron. En effet dans un livre du Dr Valnet j’avais lu que lorsque le jus de citron atteignait l’estomac il se transformait en base. ou bien ai-je mal compris .
Voici une recette donné par une pharmacienne dans les années 1980 indiquée comme cholérétique et cholagogue : 1/2 citron pressé,
dans un verre assez haut ajouter 1/2 verre d’eau tiède , une pincée de sucre, une pincée de bicarbonate de soude. Boire pendant l’émulsion.
Merci pour la qualité de votre commentaire Dolores, ainsi que votre transmission. 🙂
Bonjour,
petite correction chimique sur la définition des anions… sûrement un copier-coller un peu rapide :-O)
il est écrit « les anions ont perdu un ou plusieurs électrons », mais en réalité il faut écrire les anions ont gagné un ou plusieurs électrons….
Bonjour Charlyne,
Oups ! Désolé! 😮 Merci de m’avoir alerté ! Effectivement il y a une erreur mais heureusement, elle n’invalide pas le sens de tout l’article ! Lorsque j’écris beaucoup, il y a parfois des bugs (et je vous prie de bien vouloir m’en excuser) qui s’immiscent dans les articles à mon insu malgré les relectures avant publication. Une fois de plus, votre commentaire permet de maintenir un contenu de qualité, d’où l’importance de vos retours ! Désolé pour cette coquille et merci de me l’avoir signalée. Je corrige de suite ! 🙂
Il me semble que le citron peut tout de même avoir un impact sur l’acidose, de part son action drainante sur le foie. C’est sans doute un effet indirect, mais si le foie est soulagé, le ph général va pouvoir être d’avantage équilibré, n’est ce pas?
J’ai également comme information que le citron aurait un impact sur l’acidité de l’estomac. En effet, le fait d’ingérer un acide permettrait à l’estomac d’en produire lui-même un peu moins, et donc reduire l’acidose globale. Qu’en pensez-vous?
Merci pour cet article et vos recherches.
Bonjour Marine, merci pour votre commentaire développé.
L’action drainante du citron sur le foie est moins forte que certains autres légumes comme les crucifères (choux) par exemple ou encore, le fenouil. Donc, là encore, on surestime le pouvoir de cet agrume. Je pense que cela vient entre autre du fait qu’il est plus simple de faire boire du jus de citron aux gens que de leur prendre le chou à couper et cuisiner du chou. 😀 Et aussi pour prendre des précautions digestives.
Car le chou est moins facile à digérer que le citron.
C’est pour cela que le citron, ses cures et les croyances nutritionnelles qui lui servent d’arguments sont pléthore et bien encrées, selon moi.
En revanche, il semble impacter davantage la vésicule biliaire en favorisant la production et sécrétion de bile qui favorise la bonne digestion des corps gras.
Je n’ai aucune donnée sérieuse sur l’impact de l’ingestion de citron sur le pH de l’estomac.
Mais peu importe, puisque le pH acide de l’estomac est indispensable à une digestion efficace et n’a pas de liens avec l’équilibre acido-basique (EAB).
De plus, même si on admettait que le citron rend le pH de l’estomac moins acide, alcaliniser son pH impacte votre digestion, pas votre EAB.
En revanche, si votre EAB penche vers l’AML (acidose métabolique latente) il se peut que l’acidité stomacale devienne plus importante et créée des effets secondaires, comme du reflux gastrique ou d’autres troubles digestifs.
Même si l’AML est loin d’être la seule cause potentielle de ce type de trouble.
Ma réponse vous est-elle utile et vous aide-t-elle ?
Au plaisir de vous lire…