Comment s’opèrent vos choix alimentaires ?
Sont-ils vraiment conscients, lorsqu’on se met à
« manger nos émotions » ?
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Pourquoi notre appétit s’accroît-il aussitôt que l’offre alimentaire augmente ?
Parce qu’il vient directement du centre du plaisir de notre cerveau.
Lorsqu’il nous envoie un signal, la faim n’a plus son mot à dire et on mange plus que nécessaire.
Aujourd’hui, si l’on examine nos raisons de manger, on s’aperçoit qu’elles sont nombreuses, mais que la faim est devenue accessoire.
Voici les 14 raisons de manger répertoriées par l’étude intitulée : « Why we heat what we eat ? The eating motivation survey » menée par Britta Renner, Gudrun Sproesser, Stefanie Strohbach, Harald T Schupp.
Nos 14 motivations modernes pour manger :
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Parce qu’on trouve ça bon,
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par habitude,
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pour notre santé,
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pour le réconfort,
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par sociabilité,
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pour raisons budgétaires,
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par tradition,
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parce que c’est naturel,
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par convivialité (partage),
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car l’esthétique d’un mets est appétissante,
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pour préserver sa ligne et/ou son poids,
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pour répondre aux normes sociales et culturelles,
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pour notre image sociale,
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pour réguler nos émotions négatives.
Dans nos sociétés modernes, la faim, la vraie, est devenue la dernière raison de manger, surtout à l’âge adulte.
Pourquoi les plats réconfortants sont-ils majoritairement des mets sucrés ?
C’est vraisemblablement lié au fait que dans les repas de fête, comme les anniversaires, Noël ou la St-Sylvestre, les brocolis ou les choux-fleurs sont rarement proposés ! 🙂
Biscuits, chocolats, gâteaux sont toujours privilégiés et donc associés à une expérience positive, par notre système de récompense !
Ainsi, manger influe sur nos émotions et nos émotions sur notre alimentation.
Arrivés à l’âge adulte, nos émotions sont aux commandes ! Nous ne mangeons quasi plus jamais de façon instinctive. C’est là notre maillon faible !
Comment les stratégies de l’industrie agroalimentaire exploitent-elles nos émotions ?
Comme une émotion positive nous pousse à consommer des aliments (sains ou malsains), ce sont ceux à qui nos fringales profitent qui décident de ce que nous mangeons et mangerons… et les grands groupes agro-alimentaires ne laissent pas de place au hasard !
Vers 1930, les premiers supermarchés naissent aux États-Unis…
Aujourd’hui ils sont pléthore en Europe et pour ne citer que la France ou l’Allemagne, on dénombre :
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40 000 supermarchés en Allemagne,
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2000 hypermarchés de plus de 5000 m2 en France,
Ces 50 dernières années la surface moyenne de vente a triplé et l’offre a quadruplé.
20 000 nouveaux produits sont créés par an !
Cependant, cette diversité est trompeuse, car elle est le fruit d’un quasi-monopole.
Par exemple, en Allemagne, presque tout ce qui est acheté provient seulement de 8 groupes :
- Nestlé
- Coca Cola
- Pepsico
- Kellog’s
- U unilever
- Mars incorporeted
- KraftHeinz
- P&G
Pourquoi et comment ces entreprises s’arrachent nos émotions !?
Les fabricants veulent que leurs produits se vendent. Des milliards sont en jeu.
La concurrence est acharnée. Ils surenchérissent donc constamment entre eux et doivent avoir les meilleurs arguments.
Par exemple : attirer le regard, croustiller davantage, être plus gouteux ou transmettre plus d’émotions dans leur publicité.
Leur but est donc d’identifier ce qui nous rend heureux lorsqu’on mange un produit et le moment ou le système de récompense du cerveau du consommateur va dire : « J’en veux plus ! ».
Par exemple : en utilisant des cellules de langues cultivées en laboratoire, les chercheurs de l’industrie agroalimentaire cherchent à savoir si telle ou telle saveur sera perçue comme acide, amère ou sucrée par le consommateur.
Autre exemple : Des robots spéciaux permettent de tester une chips, un biscuit, un bonbon ou un chocolat pour s’assurer de la façon dont il craquera sous la dent du consommateur afin qu’il soit perçu comme une satisfaction pour le système de récompense humain.
Pour le goût ? Pas de soucis ! Plus de 2000 arômes sont autorisés dans l’union européenne.
Les groupes agroalimentaires dépenses des moyens colossaux.
Le géant suisse Nestlé possède 40 centres de recherches dans le monde qui comptent environ 4000 employés.
1, 55 milliards d’euros investis dans la recherche et le développement en 2017.
L’être humain aspire à l’individualité, il cherche naturellement à se démarquer et c’est un comportement que l’industrie exploite en proposant des goûts toujours nouveaux et différents.
Par exemple, dans le cas du café et du chocolat, les offres sont pléthore.
Le fait d’offrir toutes ces options gustatives permet de tenter de faire sentir à chacun qu’il est unique.
Mais ce ne sont pas que les aliments qui sont l’objet des recherches.
Les consommateurs font l’objet de recherches très pointues en laboratoires.
Des laboratoires d’analyses sensorielles mènent de tests hédoniques aux résultats étonnants :
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Les produits rouges sont automatiquement perçus comme sucrés et fruités même à côté d’un produit incolore en réalité plus sucré et fruité que le produit de couleur rouge.
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Ce n’est qu’à partir de 30 % de sucre en moins qu’on remarque qu’une crème dessert est moins sucrée.
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C’est dans une tasse orange qu’un chocolat chaud (quel qu’il soit) a le meilleur goût.
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Le café semble plus agréable s’il est fait dans une machine qui coûte cher.
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Les saucisses sont jugées plus savoureuses si elles produisent 2 craquements lorsqu’on les croque.
Comment l’industrie agroalimentaire influence-t-elle les quantités d’aliments que l’on consomme ?
En plus d’influencer nos choix d’aliments, l’agroalimentaire sait aussi influencer les quantités que l’on va consommer en jouant sur l’annihilation du sentiment de satiété.
En consommant un aliment naturel non transformé (un poivron, par exemple), on sait quand on en a assez.
Mais avec un produit transformé ou ultra-transformé industriel, on perd le contrôle de la quantité que l’on va ingérer.
Pourquoi cela ? À cause du sucre !
D’après le professeur Robert. H. Lustig, le sucre a sur nous les mêmes effets qu’une drogue.
L’envie de l’agroalimentaire de rendre addictifs leurs aliments ne date pas d’hier.
Le sucre a remplacé la cocaïne dans certains aliments industriels transformés, depuis son interdiction dans l’alimentation, voici une cinquantaine d’années. Ouf ! 😮
Comment le sucre nous pousse-t-il à manger plus ?
Avec le sucre, le système de récompense de notre cerveau est manipulé au travers du système nerveux. Il reçoit un signal qui dit ; « j’adore ! J’en veux plus ! »
Ce phénomène survient, car dans le centre de récompense nos récepteurs de dopamine sont régulés à la hausse.
La dopamine est le neurotransmetteur du plaisir, c’est lui qui fait dire au cerveau : c’est super ! J’en veux plus !
L’industrie agroalimentaire appuie sa stratégie de production sur le pouvoir qu’a le sucre sur notre système de récompense : elle en met presque partout.
Quasi tout ce qui est produit transformé, vendu dans un pot, un sachet, une boîte ou un bocal contient du sucre.
Si vous lisez l’étiquette, certains seront indiqués, d’autres pas. Cela dépend de la législation sur l’aliment concerné dans le pays où vous vous le procurez.
De plus, même indiqué, nous n’avons pas forcément les connaissances nécessaires pour déceler que c’est d’un sucre dont on nous parle, en lisant le nom de la molécule sur l’étiquette !
La consommation de sucres (cachés ou non) est un problème de santé publique !
En France et en Allemagne, la consommation moyenne de sucre par an, par habitant est de 40 kg.
Cela équivaut environ à 27 cuillerées par jour par habitant.
Or, la préconisation OMS (Organisation Mondial pour la Santé) est de 6 cuillerées par jour et par personne (adulte).
Nutritionnellement, le sucre n’est pas réellement un aliment nutritif, d’autant plus le sucre raffiné (blanc), celui majoritairement employé par l’industrie.
Le sucre blanc est un additif, addictif et très calorique.
À part les calories et les glucides, il n’a pas de valeur nutritive.
Il fait grimper le taux de glycémie sans ajouter de valeur nutritionnelle (nutriments essentiels) à l’aliment de base auquel il est ajouté.
Le sucre est un moyen efficace de désactiver notre RSS ( vous vous souvenez ? Le rassasiement sensoriel spécifique qui permet le sentiment de satiété).
Nous ne percevons plus lorsque nous en avons assez.
Sans le sucre, nous mangerions moins et surtout, nous achèterions moins.
Cette stratégie de vente et d’addiction de l’industrie agroalimentaire dupe notre cerveau !
Elle de plus est devenue presque imparable si l’on choisit de manger leurs produits transformés.
Elle contribue au succès de produits même hyper salés comme les chips barbecue = sel+sucre.
Cuillerée après cuillerée, nous est ôtée la capacité à faire un choix.
Le sucre insidieusement contrôle nos envies et nos choix.
Le sucre entraîne le sucre…
Une consommation excessive de sucre est addictive et cette addiction se met en place un peu comme le fait l’addiction à l’alcool.
Elle contribue au succès de produits même hyper salés comme les chips barbecue = sel+sucre.
Face à des chips, même des rats ne résistent pas à basculer dans une véritable frénésie alimentaire.
Cette frénésie n’est pas simplement due à l’assaisonnement !
Elle est aussi due au ratio glucide/lipide (sucre/graisse) des chips.
Car à partir d’un ratio de 45 % de sucre (glucide) pour 35 % de graisses (lipide), tout contrôle devient impossible.
Pour l’agroalimentaire, la transformation de l’aliment est devenue plus importante que l’aliment lui-même.
L’important n’est pas ce que contient l’aliment, mais qu’on le consomme donc qu’on l’achète et surtout qu’on en ai envie d’y revenir.
Pourtant, les publicités pour tous ces produits ont l’air inoffensives et contiennent même des allégations santé, et ce, en toute légalité ! 😮
Le poids de la publicité dans nos choix alimentaires…
Jusqu’à 13 000 messages publicitaires nous parviennent chaque jour !
Dans le top 10 des annonceurs publicitaires en France, en 2020, on retrouvait 5 groupes agroalimentaires pour un budget de 2 Milliards d’euro de dépenses.
Cette stratégie consiste à créer des besoins pour le consommateur afin qu’il aspire à quelque chose de nouveau pour lui.
Par exemple, avoir un physique plus agréable, être intégré dans un groupe, être plus en forme, etc.
Quel que soit le domaine, le marketing sur les produits alimentaires véhicule des émotions qui nous touchent et nous font associer quelque chose à l’aliment.
Mais alors… sommes-nous manipulés au point de ne plus pouvoir faire les bons choix alimentaires dans des quantités adaptées ?
À partir du moment où l’on ne consomme pas de produits transformés et proposés par l’industrie : oui.
D’après le professeur Robert. H. Lustig : « la nourriture naturelle non transformée est de la nourriture. La nourriture transformée est du poison. Si nous mangions des aliments naturels, nos instincts reviendraient tout seuls ».
Conclusion :
Tout ce que nous ingérons est métabolisé par notre corps.
Nous devenons donc ce que nous mangeons, tant par les quantités absorbées que par la qualité des aliments que nous choisissons de consommer.
En ne mangeant que des aliments naturels que l’on transforme soit même en cuisinant, on se réhabitue aux saveurs et textures d’aliments bruts et à (re)consommer des quantités raisonnables.
On redonne la parole à notre système de récompense et on lui restitue la possibilité de se manifester par le RSS et la satiété.
On se nourrit avec une alimentation riche en nutriments et micronutriments au lieu de se remplir, avec des calories vides.
En conséquence, on mange mieux et moins, car on se sent plus vite rassasié.
De plus, on apporte à notre corps les nutriments essentiels et l’énergie, nécessaires son fonctionnement global.
Malgré notre gros cerveau, l’offre alimentaire faussement illimitée que nous avons créé combinée aux stratégies de l’industrie agroalimentaire, nous éloignent de nos instincts au profit de nos émotions qui sont manipulables.
Jeu :
Amusez-vous !
Mettez-vous à la sortie d’une enseigne de grande distribution et regardez les contenus des caddies.
Si nous restons proches de nos instincts alimentaires, le contenu de notre panier ou de notre caddie le traduit.
Essayez de classer les caddies en deux catégories : proche instinct ou proche émotion.
Vous serez sans doute surpris(e) de vous apercevoir que, malgré la somme d’informations disponibles sur l’alimentation, dans la littérature et les médias, la plupart des personnes sont désormais « proches de leurs émotions » et n’embarquent que peu de produits bruts à transformer eux-mêmes dans leurs caddies.
Un changement alimentaire vous tente, mais vous ne savez par quel bout commencer ? Je peux vous y aider. Le contenu gratuit du blog est là pour ça, mais aussi, mes livres, mes formations en ligne et mon suivi individuel personnalisé.
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On en cause ?
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