Super-aliments : supercherie !?
Quelles que soient leurs formes les super aliments connaissant un gros succès commercial. Le marché est juteux. Mais les super-pouvoirs nutritionnels qu’on leur attribue sont ils réels et justifiés ?
Déjà, le terme de super-aliment est accrocheur et purement marketing inspiré de l’anglais « superfood » qui désigne un aliment à la mode, souvent exotique et plein de nutriments.
Or, les valeurs nutritives que l’on prête à ces aliments sont souvent surévaluées pour les faire vendre en s’appuyant sur le degré d’orthorexie de chacun(e). Insidieusement, industriels et professionnels de santé au naturel ont tendance à les présenter comme des solutions potentielles à un péril nutritionnel général qui toucherait et amoindrirait les taux de nutriments contenus dans chaque aliments. Raison pour laquelle il faudrait recourir à des aliments plus riches ou complémenter son alimentation afin d’éviter les risques de carences. Sous entendu : l’apport est trop pauvre si l’on se contente des nutriments contenus dans une alimentation naturelle et quotidienne. Cette alimentation, même variée, ne couvrirait plus tous nos besoins en fibres, enzymes, vitamines, minéraux, oligo-éléments, etc.
Mais qu’en est-il réellement ?
- Y-a-t-il déjà péril nutritionnel dans nos assiettes ?
- Faut-il recourir ou non à une complémentation avec les frais et surcoûts incontournables que cela engendre ?
Il est vrai que la communauté scientifique à du mal à se mettre d’accord et à établir de façon tranchée l’existence de différences entre aliments issus de l’agriculture intensive, extensive, naturelle ou encore, avec ou sans recours à la chimie pour cultiver les végétaux.
Des discours trompeurs pour le consommateur…
Certains fabricants et certains laboratoires ne s’encombrent d’aucunes précautions quant au discours tenu sur leur site et qui joue sur la peur et l’ignorance du consommateur lambda :
- « nos ressources alimentaires s’appauvrissent en nutriments »
- « une pomme d’hier représente 100 pommes d’aujourd’hui »
- « 1 pêche des années 50 avait 120 % de teneur en magnésium qu’une pêche actuelle ».
Les arguments sont toujours les mêmes mais les chiffres cités varient d’un fabricant ou d’un labo à l’autre. D’ailleurs ils varient tellement en fonction de ce qui les arrange et de ce que ces derniers ont à vendre, qu’en ayant parcouru et comparé plusieurs sites, le sourire vient naturellement aux lèvres ! Surtout quand un type précis d’aliment actuel connaît, comme par hasard, un taux qui varie énormément et plusieurs fois suivant les sites consultés sans jamais être le même, tandis que le lien vers l’étude source de ces chiffres n’est pas disponible en bas de l’article !
Y aurait-il eu un nombre incalculable d’études publiées sur le même aliment pour en oublier de mettre des liens vers celles-ci pour chaque chiffre publié ? Ou pour que les professionnels de la nutrition eux-mêmes s’y perdent ? Ou encore, tellement de variétés étudiées que de différences trouvées ? Ou bien des maturités différentes ? Des conditions météorologiques différentes ? Un terroir différent ? Bref… une diversité qui décrédibilise totalement le discours mais qui fonctionne pourtant bien pour abuser le consommateur. Mais d’où cela sort-il ?
La source de ce genre d’affirmation…
L’information totalement décontextualisée trouve sa source dans un rapport publié en 2015 par une association américaine de promo du bio : The Organic Center. Une étude qui mettait en évidence qu’une variété de pommes anciennes (toujours disponibles à notre époque d’ailleurs) contenait plus de vitamine C que certaines variértés modernes. Rien de sensationnel ! Car cette étude concluait que pour s’assurer une alimentation riche n nutriments, mieux vaut manger des végétaux en circuit courts de distribution, cueillis à maturité (ayant eu le temps de faire le plein de nutriments) plutôt que de consommer des végétaux cueillis verts (pauvres en nutriments), pour rester fermes afin de pouvoir endurer un long voyage. Cette étude ne conclut en aucun sur le fait de devoir complémenter son alimentation par des super aliments.
Pour aller plus loin…
Et tout savoir sur l’hygiène de vie et alimentaire (version officielle), je vous invite à découvrir cet article de l’inserm (Institut National de la Santé et de la Recherche Médicale) : information en nutrition santé
Ok ! L’exotisme rend le végétal attractif, sexy et fait vendre. Mais il baisse sa qualité nutritionnelle, augmente son prix et son emprunte carbone, le rendant au passage bien moins sexy !
Pourtant les plantes riches voire super-riches ou méga-riches en nutriments ne poussent pas forcément à l’autre bout de la planète ni dans l’espace intersidéral ! Loin s’en faut ! L’ortie, le chanvre alimentaire, le lin sont de bons exemples.
Quelques exemples coûteux et remplaçables :
Baies de Goji…
Les fameuses baies de Goji sont chinoises (à 80%) ! Plèbiscitées pour leurs capacités antioxydantes ont un indice Orac infèrieur ou égal à celui de la figue ou de la groseille. Quand on voit leur prix et leur emprunte carbone je suis mort de rire mais je ris jaune pour tou(te)s celles et ceux qui se font avoir ! L’indice Orac* des baies de Goji est même nettement infèrieur à celui de la sauge ou de la marjolaine ! Pour dire !
Les graines de chia…
Ah ! les fameuses graines de chia (Mexique majoritairement) ! Plébiscitées pour leur teneur en oméga3 peuvent être substituées ici par des huiles ou des graines de lin (85 % doméga3) ou de chanvre cultivées ici et bio dont la teneur en oméga3 est parfois supérieur à la graine de chia.
Désormais cultivé en France mais originaire des USA. Il rivalise avec le chou de Bruxelle pour sa teneur en fibres et avec l’épinard pour sa teneur en potassium.
Ce ne sont que quelques exemples ! Je pourrais vous parler des dangers du shitaké, des jus détox à base de choux, des mauvaises spirulines, etc…
N’oubliez pas l’essentiel !
Tous ces super-aliments ne doivent pas faire oublier que pour des effets avérés sur sa santé il convient de consommer régulièrement un grand nombre d’espèces de végétaux dans son alimentation globale.
*L’indice ORAC signifie en anglais « Oxygen Radical Absorbance Capacity » ou en français, la capacité d’absorption des radicaux libres par l’organisme. Cet indice, est une méthode parmi d’autres, qui tente de mesurer le pouvoir antioxydant d’un aliment qu’on appelle « la capacité antioxydante totale » ou TA.
Pour aller plus loin…
Et tout savoir sur l’indice ORAC, je vous invite à découvrir l’article de ce site : doctorat
Où en est la science ?
Aujourd’hui, le seul intérêt nutritionnel et santé bien établi par la recherche est la synergie entre leurs nutriments et la matrice qui les contient (la chair du végétal) qu’on ne retrouve dans aucun complément alimentaire, quel que soit la forme consommée y compris sous forme lyposomée (une des formes les plus onéreuses actuellement sur le marché), soi-disant plus biodisponible, mais qui nécessite de la haute technologie consommatrice d’énergie et donc une grosse emprunte carbone ! Le tout, sans pour autant parvenir à égaler ce que la nature est encore capable de produire, même en mode dégradé, sous une forme beaucoup plus biodisponible, donc plus assimilable.
Donc, autrement dit : aucun aliment isolé, même hyper riche en nutriments n’est la panacée ! Et même si certains produits (compléments et suppléments alimentaires) sont tendances, ils n’ont pas de vocation curative mais tout au plus préventive en fonction de leur bio-disponibilité.
Des allégations santé frauduleuses sont utilisées…
De plus, les allégations santé qui les accompagnent sont encadrées par des règles stricts fixées par l’EFSA (Agence Européene pour la Sécurité des Aliments). Or, on peut constater un accroissement des infractions à la réglementation. La DGCCRF (Direction Générale de la Concurence, de la Consommation et de la Répression des Fraudes) a publié une enquête sur les thés, les infusions, les tisanes, les fruits secs et les céréales pour petit déjeuner, qui pointe l’usage d’allégations santé non conformes à la réglementation.
13 % des sites Web qui proposent des compléments alimentaires faisaient usage de mentions thérapeutiques interdites et trompeuses pour le consommateur lambda tel que :
- « contre l’hypertension arterielle »
- « protection contre le cancer »
- « guerrit l’ulcère à l’estomac »
Quitte à acheter ce genre d’articles, essayez de cibler un fabricant identifié qui respecte la législation et le consommateur. 😉
Au passage, on peut noter et regretter le fait que parmi toutes ses allégations « limite la connerie » ne soit jamais proposé comme argument de vente. La santé psychologique compterait-elle moins dans la hierarchie des urgences sanitaires ! ? Bon… là évidemment, j’ironise et je blague ! Si vous cherchez, vous ne trouverez aucun super-aliment pour limiter ça. De toute façon ça n’arrangerait personne même si toutefois ça existait ! Ni commercialement, ni politiquement ! Allez ! J’arrête ! 😉 😀
Quels que soient vos choix et qu’ils soient liés à des faits, des connaissances ou des croyances, voici ma conclusion :
Couvrir nos besoins nutritionnels n’est possible qu’en adoptant une alimentation naturelle variée, largement végétalisée, sans excès en :
- céréales (graines et les produits dérivés de leurs farines),
- laitiers (lait animal),
- carnés (viandes poissons, mollusques, etc),
- raffinés (sucres et farines blanches),
- ultra-transformés (par l’industrie alimentaire comme des nuggets par exemple),très sucrés ou très salés.
- polluants et toxiques
De plus, dans le cadre d’un régime alimentaire varié, si vous optez pour la consommation de produits locaux ou de produits locaux bios votre acte de consommation sera bénéfique pour votre prévention santé et celle de notre environnement. Les végétaux ont des nutriments qui présentent une meilleure bio-disponibilité et qui travaillent en synergie dans notre organisme, lors de leur assimilation.
Votre budget nécessaire aux courses sera impacté à la baisse (même avec des végétaux bio) ainsi que votre emprunte carbone personnelle.
Adopter une alimentation alcalinisante correspond à satisfaire tous ces critères (sans éviction alimentaire ou rstriction et sans risque de carences).
Alors si ce n’est déjà le cas : passez à l’action ! 🙂 Cultivez votre santé et votre équilibre acido-basique en mangeant des aliments naturels, alcalins et régalez-vous de façon gourmande et éthique !
C’est répondre aux enjeux d’avenir et vous ferez ainsi davantage partie des solutions pour vous et nos éco-systèmes que des problématiques actuelles, liées aux ressources planétaires ! 😉
Merci pour vous, votre métabolisme, pour l’humanité et pour notre…
Chic planèèèète ! Dansons dessuuus, wo-ho-ho ! 🙂
Devinette : de qui est cette phrase issue d’une chanson française ?