Seulement 10 % des herbes de Provence viennent de Provence

90 % sont d’origine polonaise, albanaise, marocaine, espagnole…

C’est sans aucun doute le mélange de plantes aromatiques le plus connu et le plus utilisé dans nos cuisines et dans le monde. Source de juteux profits, ce marché est très convoité. Cultivées sur leur terroir et leur climat d’origine, elles sont de bonne qualité et source d’huiles et de nutriments essentielles, d’oligo-éléments et de minéraux alcalins.

Bref ! Un concentré de qualité nutritionnelles et gustatives qui vient embellir nos recettes et enrichir notre santé. Mais qu’en est-il réellement au pays des cigales lorsque profits et intérêts de l’industrie agro-alimentaire entrent en jeu ?

Dans cet article je vous propose de comprendre les enjeux à la fois environnementaux et sanitaires, d’apprendre à reconnaître les vraies herbes de Provence des fausses, et donc de mieux en consommer.

Petit état des lieux…

Plantes aromatiques emblématiques du terroir provençal, les herbes de Provence sont concurrencées par d’autres herbes, de moindre qualité nutritionnelles, pour ne pas dire médiocre.

Ces contrefaçons se font pourtant passer pour ce fameux mélange typique de cette douce région du Sud-estde la France.

En effet, la dénomination « herbes de Provence » n’implique aucune obligation pour le fabricant : c’est une appellation générique, non protégée.

Il est donc important d’apprendre à les distinguer pour mieux les consommer (voir plus bas).

Herbes de Provence… un marché colossal !

Il représente 500 tonnes de plantes aromatiques produites par an.

Tenez vous bien ! 10 % seulement de cette quantité est d’origine française. 

Les autres sont de fausses herbes de Provence et ont pour origine :

  • Le Maroc,

  • L’Espagne,

  • L’Albanie

  • La Pologne.

Les herbes de Provence polonaises… en rire ou en pleurer ?

En achetant un paquet d’herbes de Provence, vous avez 9 chances sur 10 pour qu’il s’agisse d’herbes produites partout… sauf en Provence ! Super ! 😮

La majorité de ces importations vient de l’Est (sans le « sud- » devant et sans « de la France » derrière.

Même le leader sur le marché des herbes et des épices, Ducros, se décarcasse pour faire davantage de profit en utilisant une grande partie d’herbes importées sans se soucier de leur mode de production ni de leur impact, ni du cahier des charges des producteurs du pays de production ! Bienvenue dans le jolie monde de la mondialisation et de l’industrie ! ! ! Youpiiiiiii ! 🙁

La culture du thym polonais est considérable !

À tel point que la Pologne fournit la moitié des importations de thym en France depuis 10 ans ! Et oui ! Et…merde !

Les surfaces d’exploitation sont immenses et la main d’oeuvre d’un coût plus modeste. Et oui ! Comme d’hab !

Cette recrudescence d’herbes de Provence qui n’ont rien de provençal, a contraint la filière à s’organiser pour se protéger.

Les herbes de Provence Protégées depuis 2000…

Depuis 2000, l’Association Interprofessionnelle pour les Herbes de Provence (AIHP) à é créée et a pour mission de développer et valoriser la production de plantes aromatiques sèches de Provence.

Les producteurs se sont regroupés en 3 coopératives, dont la plus importante, la Copamiva de Trets, afin de mieux exploiter leur production.

Ils sont une centaine à travailler dans

  • le Vaucluse,

  • les Bouches-du-Rhône,

  • le Var,

  • les Alpes de Haute-Provence,

  • les Hautes-Alpes

  • la Drôme provençale,

Le tout cumulé représente une surface d’environ 400 hectares de production consacrée à ces herbes. 50 % de la production est exportée, principalement à destination de l’Europe du Nord.

Seulement 10 % des herbes de Provence viennent de Provence

Comment reconnaître les véritables herbes de Provence…

Les herbes de Provence désignent une association bien précise de :

  • thym,

  • romarin,

  • sarriette,

  • origan

  • basilic.

Les herbes de Provence véritables ont un goût unique, typique.

Elles possèdent une couleur franche reconnaissable et une odeur puissante.

Dans les véritables herbes de Provence, vous ne devez trouver :

  • ni tige

  • ni poussière.

Seules les feuilles, qui concentrent toutes les huiles essentielles au fort pouvoir aromatique et les minéraux alcalinisants.

Lors de vos achats, vérifiez que le paquet mentionne bien sur son étiquette :

  • la dénomination « Herbes de Provence » ;

  • la composition ;

  • la provenance du produit ;

  • les caractéristiques certifiées : arôme et saveur garantis, plantes sélectionnées et contrôlées.

Un sachet doit contenir précisément le mélange suivant :

  • 26 % d’origan,

  • 26 % de sarriette,

  • 26 % de romarin,

  • 19 % de thym,

  • 3 % de basilic.

Tout mélange qui comporte la mention « Herbes de Provence » ne provient pas systématiquement de la région PACA.

Il est donc conseillé de repérer sur l’emballage les mentions :

  • « produit en Provence »

OU

  • « Origine Provence Garantie ».

Herbes de Provence et Label Rouge…

Depuis 2003, les Herbes de Provence véritables peuvent bénéficier d’un Label Rouge. Ce label garantit une meilleure qualité de produit.

Pour obtenir le droit d’apposer le Label Rouge, les Herbes de Provence doivent respecter un cahier des charges élaboré par l’AIHP et l’ULASE (organisme de certification des produits agricoles et alimentaires).

Celui-ci impose :

  • une traçabilité complète de tout le processus ;

  • une teneur en huiles essentielles, une couleur, une granulométrie et une composition constantes ;

  • une parfaite qualité macrobiologique.

La composition est effectuée avec un dosage très précis et des contrôles sont réalisés à chaque étape de production. L’AIHP a également déposé un dossier pour obtenir une Indication Géographique Protégée (IGP) pour le Thym de Provence.

La qualité des plantes aromatiques de Provence vient du fait qu’elles sont produites dans des conditions climatiques optimales, sur des terrains adaptés avec des espèces de plantes endémiques ou aclimatées depuis des centaines d’années.

L’air chaud et sec du sud-est de la France garantit aux herbes une haute teneur en huiles essentielles. Les méthodes de production et de triage restent inchangées, encestrales même si modernisées.

Ces méhodes sont le fruits d’un savoir-faire ancien et reconnu. Aujourd’hui de nombreuses étapes sont encore réalisées à la main.

Le choix des variétés, l’irrigation des cultures, la période de récolte, les conditions de stockage, de séchage pour ne parler que de ces critères, entrent en compte pour obtenir ces mélanges aromatiques de grande qualité.

« C’est très délicat, tout se joue parfois à quelques heures. Si la récolte est sortie du champ avant d’être sèche, elle risque de moisir, et si elle l’est trop, tout s’effritera sur place. C’est comme pour l’irrigation. Il faut de l’eau, mais il faut aussi savoir arrêter au moins une quinzaine de jours avant la récolte, pour obtenir la concentration la plus élevée possible d’huiles essentielles dans la plante. C’est ce qui fait la force de son parfum », explique un producteur des précieuses herbes.

Ma conclusion :

Lorsque vous venez sur Bouchées Doubles, la plupart d’entre-vous avez envie de manger alcalin et gourmand, mais aussi, éthique et responsable. Je vous invite donc à avoir une réflexion sur vos choix de consommation qui ont  un impact sur la qualité nutritionnelle des produits, donc sur votre santé et celle de notre environnement. Mais aussi, un impact sur la vie économique sur les producteurs français et leurs modes de productions. Votre choix de consommation est aussi un choix d’avenir, à la fois environnemental, sociétal et sanitaire. Alors… à vous de jouer et de bien jouer… en connaissance de causes. 😉

Envie d’aller plus loin ?

Je vous invite à lire ces 3 articles :

Herbes et épices alcalines… les incontournables ! 

Une étude de marché édifiante sur la consommation d’herbes arômatiques et le profil des consommateurs 

Une interview de André Doudon et Philippe Petit au sujet de la production d’herbes de Provence en agriculture biologique

Comment décrypter l’étiquette d’un produit

 

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